Victor Considerant

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Victor Considerant
Portrait par Jean Gigoux (1893).
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Député français
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Victor ConsiderantVoir et modifier les données sur Wikidata
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Clarisse Vigoureux (belle-mère)
Clarisse Gauthier-Coignet (cousine germaine)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Victor Prosper Considerant (sans accent aigu[3]), né le à Salins-les-Bains (Jura) et mort le à Paris 7e[4], est un philosophe et économiste polytechnicien[5] français, internationaliste et franc-maçon[6] adepte du fouriérisme.

Biographie[modifier | modifier le code]

Gravure de Considerant par Carey.

Jeunesse et études[modifier | modifier le code]

Le père de Victor Prosper Considerant, Jean-Baptiste, est professeur de rhétorique au collège de Salins. Victor est le cousin de l'avocat et historien belge Nestor Considérant, journaliste au quotidien L'Indépendance belge où il a couvert la politique intérieure belge.

Victor est l'élève de son père au collège de Salins. Bachelier à 16 ans, il part préparer le concours d'entrée à l'École polytechnique au lycée de Besançon en 1824[5]. Il y initié au fouriérisme par sa correspondante Clarisse Vigoureux, qui y avait été elle-même initiée par Just Muiron.

Il entre à Polytechnique en 1826, il fait à Paris la connaissance de Fourier. Ensuite, pour parfaire sa formation militaire, il est élève de l’École d'application de l'artillerie et du génie de Metz de 1828 à 1832.

Parcours professionnel[modifier | modifier le code]

À Metz, Victor Considerant propage les idées du maître parmi ses camarades officiers[5] après avoir publié un article sur Fourier dans le Mercure de France en 1830, et, dans la Revue des Deux Mondes en , une nouvelle, Un pressentiment, inspirée par la mort de la fille de Clarisse Vigoureux (1789-1865), née Clarisse Gauthier[7] (et sœur de Joseph, beau-père de François Coignet), Claire (1809-1828), son amour de jeunesse. Il participe en 1832 à la fondation du journal Le Phalanstère qu'il dirige avec Jules Lechevalier et à la tentative de colonie sociétaire de Vesgre. Il quitte l'armée en 1833 et collabore à des journaux, notamment La Réforme industrielle[5], nouveau nom du Phalanstère et dont la parution cesse en 1834. La même année, il publie Destinée sociale et, en 1836, fonde un nouveau journal, La Phalange, puis la Librairie phalanstérienne[5]. En 1837, il succède à Fourier à la direction de l’École sociétaire[5] et, en 1838, il épouse Julie (1812-1880), seconde fille de Clarisse Vigoureux, fouriériste convaincue comme sa mère, et dont la dot permettra à son mari d'entrer en politique et de financer ses campagnes électorales ; Julie et Victor n'ont pas eu d'enfants. Battu aux élections législatives en 1839 à Montbéliard et à Colmar, il est élu, en 1843, conseiller général de la Seine, et, la même année il fonde La Démocratie pacifique, d'inspiration monarchique[5] qui va connaître un grand succès.

En 1846, il est l'inventeur en droit constitutionnel de la représentation proportionnelle[5].

Au moment de la restauration de la république en 1848, il est élu député de Montargis. Il siège à l'extrême-gauche et précise la notion de droit au travail qui devient une des idées fortes des socialistes français de 1848. En , il est le seul député à proposer le droit de vote pour les femmes[5].

Il est élu député de Paris en 1849.

Il participe à la journée du 13 juin 1849 contre Louis-Napoléon Bonaparte qui, à ses yeux, avait violé la Constitution en soutenant le pape en lutte avec la République romaine. Décrété d'arrestation, il part en exil en Belgique, puis aux États-Unis, où à l'instigation d’Albert Brisbane, il crée au Texas le phalanstère de La Réunion avec l'appui financier de Jean-Baptiste André Godin. L'expérience est un échec, notamment à la suite de l'insurrection qui conduit à la guerre de Sécession[5], et il se retire à San Antonio où sa belle-mère Clarisse Vigoureux meurt en 1865.

Revenu en France en 1869 à la faveur d'une amnistie, il adhère à la Première Internationale et soutient la Commune de Paris en 1871[5].

Buste de Victor Considerant à Salins-les-Bains
Buste de Victor Considerant à Salins-les-Bains, par Marguerite Syamour.

Il finit sa vie au Quartier latin, refusant obstinément de reprendre toute activité politique. Ses obsèques réunissent de nombreux socialistes, en particulier Jean Jaurès. Il est inhumé au columbarium du Père-Lachaise[8].

Hommages[modifier | modifier le code]

En 1902, son buste, par Marguerite Syamour, est inauguré dans sa ville natale.

L’année 2008 a été choisie par le ministère français de la Culture comme étant « l’année Victor Considerant », afin de célébrer le bicentenaire de sa naissance. De nombreuses animations ont notamment été présentées dans sa ville natale.

Une rue porte son nom, associé à celui de sa femme Julie à partir de 2022, à Besançon[9].

Critiques et controverses[modifier | modifier le code]

Au sujet de Victor Considerant[modifier | modifier le code]

La doctrine de Victor Considerant a été critiquée par l'un de ses contemporains, l'économiste libéral Frédéric Bastiat, dans une brochure intitulée Propriété et spoliation où il s'attaque en particulier à ce qu'il juge être son erreur, le concept de rente foncière sur laquelle Considerant s'appuie pour justifier le droit au travail. Erreur que, selon Bastiat, l'on trouve chez de nombreux économistes (John Ramsay McCulloch, David Ricardo, George Poulett Scrope, Nassau William Senior...) et qui était réfutée également par Henry Charles Carey. Bastiat prend également Victor Considerant à partie dans son pamphlet intitulé La Loi.

Au sujet du Manifeste du parti communiste[modifier | modifier le code]

Dans son livre Le Complot de la réserve fédérale, le professeur d'université américain Antony Cyril Sutton accuse le philosophe Karl Marx d'avoir, pour la rédaction de son manifeste, fortement plagié l'ouvrage de Victor Considerant, Principe du socialisme ; Manifeste de la démocratie au XIXe siècle, publié en 1843. Le même accusation a d'abord été prononcée par W. Tcherkessof dans son ouvrage Pages of Socialist History en 1902. L'historien Alexandre Skirda a sorti un livre en 2019 intitulé Un plagiat "scientifique" : le copié collé de Karl Marx regroupant toutes les sources qu'a utilisé Karl Marx pour son manifeste.

Publications (par ordre chronologique)[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/POG/FRAN_POG_05/p-aqhpzqdfo-le7jeeharw8j »
  2. « http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=FileId-583 » (consulté le )
  3. « … il n’y a pas d'accent aigu sur mon e. J'ai lutté vainement plus de soixante ans depuis que mon nom s'imprime pour l'en défendre ! » Voir Louis Bertrand, Histoire de la démocratie et du socialisme en Belgique depuis 1830, Bruxelles, éd. Dechenne, t. 1, p. 28, 1906.
  4. Guillaume de Tournemire, « Victor CONSIDERANT », sur le site de généalogie Geneanet (consulté le ).
  5. a b c d e f g h i j et k Bibliothèque de l'École polytechnique, « Considerant Victor X1826, philosophe (1808-1893) », sur polytechnique.edu (consulté le )
  6. « CONSIDERANT Victor [CONSIDERANT Prosper, Victor] - Maitron », sur maitron.fr (consulté le )
  7. Guillaume de Tournemire, « Clarisse GAUTHIER », sur le site de généalogie Geneanet (consulté le ).
  8. Case 913, reprise.
  9. « De "Victor" à "Julie & Victor" », sur charlesfourier.fr, (consulté le ).
  10. Archives nationales.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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