André Maginot

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André Maginot
Illustration.
Fonctions
Ministre de la Guerre

(11 mois et 11 jours)
Président Gaston Doumergue
Paul Doumer
Président du Conseil Pierre Laval
Gouvernement Laval I et II
Prédécesseur Louis Barthou
Successeur André Tardieu

(9 mois et 2 jours)
Président Gaston Doumergue
Président du Conseil André Tardieu
Gouvernement Tardieu II
Prédécesseur René Besnard
Successeur Louis Barthou

(3 mois et 14 jours)
Président Gaston Doumergue
Président du Conseil André Tardieu
Gouvernement Tardieu I
Prédécesseur Paul Painlevé
Successeur René Besnard
Ministre des Colonies

(11 mois et 11 jours)
Président Gaston Doumergue
Président du Conseil Aristide Briand
Gouvernement Poincaré V
Briand XI
Prédécesseur Léon Perrier
Successeur François Piétri

(5 mois et 18 jours)
Président Raymond Poincaré
Président du Conseil Alexandre Ribot
Gouvernement Ribot V
Prédécesseur Gaston Doumergue
Successeur René Besnard
Ministre de la Guerre et des Pensions

(2 ans, 4 mois et 30 jours)
Président Alexandre Millerand
Président du Conseil Raymond Poincaré
Frédéric François-Marsal
Gouvernement Poincaré II et III
François-Marsal
Prédécesseur Louis Barthou
Successeur Charles Nollet
Ministre des Pensions, Primes et Allocations de Guerre

(1 an, 11 mois et 23 jours)
Président Raymond Poincaré
Paul Deschanel
Alexandre Millerand
Président du Conseil Alexandre Millerand
Georges Leygues
Aristide Briand
Gouvernement Millerand I et II
Leygues
Briand VII
Prédécesseur Léon Abrami
Successeur Édouard Bovier-Lapierre
Député

(21 ans, 8 mois et 13 jours)
Élection
Réélection

Circonscription Meuse
Législature Xe, XIe, XIIe, XIIIe
(Troisième République)
Groupe politique GD (1910-1914)
RDG (1914-1919)
GRD (1919-1928)
ADS (1928-1932)
Biographie
Nom de naissance André Louis René Maginot
Date de naissance
Lieu de naissance Paris 9e
Date de décès (à 54 ans)
Lieu de décès 16e arrondissement de Paris
Nationalité française
Diplômé de École libre des sciences politiques
Religion Catholicisme
Résidence Bar-le-Duc

André Maginot est un homme politique français, né le à Paris, où il est mort le .

Plusieurs fois ministre, son nom est associé à la construction, entre les deux guerres mondiales, de la ligne de défense censée protéger la France d'une éventuelle invasion allemande ou italienne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et études[modifier | modifier le code]

Né au 31, rue Saint-Lazare dans le 9e arrondissement de Paris[1], André Louis René Maginot est l'aîné de quatre enfants. Son père est maître-clerc d'un notaire de Paris et originaire de Lorraine (Revigny-sur-Ornain dans la Meuse) tandis que sa mère est professeure d'anglais, elle-même d'ascendance anglaise.

Il commence ses études à la faculté de droit de l'université de Paris, où il obtient une licence de droit à 20 ans[2]. Il s'inscrit à l'École libre des sciences politiques en juin 1897, dont il sort major (Section administrative)[3]. Il fait son service militaire à Bar-le-Duc et ses supérieurs l'indiquent comme « peu militaire ». Il revient ensuite à Paris pour passer son doctorat en droit. Il prépare le concours du Conseil d'État, où il est admis.

Parcours professionnel[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

En mai 1903, il suit Charles Jonnart au gouvernement général d'Alger. Revenant en Meuse dans sa ville natale, il y épouse sa cousine au quatrième degré, Marie Eugénie Charlotte Dargent (née à Revigny sur Ornain en 1881), qui vient d'une ancienne famille bourgeoise ; elle meurt cependant en couches en décembre 1909.

Carrière politique avant 1914[modifier | modifier le code]

Maginot commence sa carrière politique en tant que conseiller général de Revigny-sur-Ornain, puis en 1910, il est élu député de Bar-le-Duc (remplaçant le nationaliste Henry Ferrette), mandat qu'il va conserver jusqu'à sa mort[4]. Il devient ensuite secrétaire de la Chambre en 1912 et en 1913 et s'abstient comme d'autres Lorrains sur la signature du traité de Fès avec l'Allemagne.

Après avoir soutenu la loi des Trois ans en Lorraine en 1913, il devient sous-secrétaire d'État à la Guerre.

Intermède militaire[modifier | modifier le code]

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate l'année suivante, il s'engage comme soldat (au 44e régiment territorial) et demande à rejoindre une compagnie sur les Hauts de la Meuse. Il y crée des patrouilles régulières. Son courage et son attitude le font accéder au grade de sergent[5].

Blessé le , il est sauvé et ramené vers les lignes françaises par le canonnier François Coeyman, originaire de Wasquehal[6]. Ensuite, il ne rejoint plus le front et reçoit la médaille militaire avec citation à l'ordre de l'Armée, après avoir déjà reçu trois citations à l'ordre de la division. Blessé par deux balles à la cuisse gauche, il doit subir plusieurs opérations du genou et vivre de longs mois de souffrances, sans que les douleurs s'estompent totalement pour le reste de sa vie[7]. Il refuse la confiance au gouvernement Briand V en décembre 1916.

Carrière ministérielle[modifier | modifier le code]

En 1917, il devient ministre des Colonies et entre dans le comité de la Guerre pour contrebalancer Paul Painlevé, qui ne soutient pas Robert Nivelle. Maginot lui est pour les attaques surprises sans artillerie. À la fin de la guerre, il ne peut pas participer aux débats sur la paix en raison d'un accident de la route, il est cependant de l'avis de Raymond Poincaré plutôt que de celui de Clemenceau. Il refuse la coalition du Bloc national et est réélu moins confortablement en 1919. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur le pour ses actes au front. Il préside de 1918 à son décès la Fédération nationale des mutilés, une association d'anciens combattants née avant la Première Guerre mondiale, en 1888, et qui est couramment appelée la Fédération Maginot ; elle s'appelle officiellement la Fédération nationale André Maginot depuis 1953[8].

Nommé ministre des Pensions en 1920, poste qu'il crée lui-même, il s'attache à rendre la bureaucratie plus humaine, ce dans l'intérêt des anciens combattants. Le , il préside dans la citadelle de Verdun à la désignation du soldat inconnu. Le , il allume pour la première fois la flamme sous l'Arc-de-Triomphe[9].

En 1922 il est nommé ministre de la Guerre sous le gouvernement de Raymond Poincaré. Il se préoccupe alors de la défense des frontières françaises et fait réaliser des forts. Remplacé en 1924 par Paul Painlevé, il travaille avec lui pour lever des fonds dans le but d'améliorer la défense du pays. Les travaux de la « fortification permanente » démarrent en 1928. Cependant, elle ne portera le nom de ligne Maginot qu'en 1935, quelques années après sa mort.

Il redevient ministre de la Guerre en 1929 et poursuit l'édification de fortifications à l'est de la France. Persuadé que des défenses fixes sont la meilleure solution pour répondre aux futures classes démographiques creuses, il redynamise le projet expérimental qui n'a que peu avancé. Son objectif est de pallier la remilitarisation le long du Rhin qui doit être possible dès 1935. Il rencontre l'opposition de Philippe Pétain, vice-président du Conseil supérieur de la guerre, et, lors du débat parlementaire du , il finit par déclarer : « ce n'est pas Pétain qui commande, mais le ministre de la Guerre ». Son activisme permet de boucler le financement de la ligne Maginot : 3,3 milliards de francs sur quatre ans, qui est voté par 274 voix contre 26. Bien que la ligne défensive appelée « ligne Maginot » soit principalement due à Paul Painlevé, son édification n'aurait pu être possible sans les démarches et la volonté de Maginot.

André Maginot est aussi sensible à la mécanisation des armées, sur les conseils de Maxime Weygand[10]. Il approuve le 4 juillet 1930 le programme de motorisation de cinq divisions d’infanterie, de cinq brigades de cavalerie et la transformation d’une division de cavalerie en division légère mécanique. Dans la semaine qui suit, à la veille de la clôture de la session parlementaire, un crédit de 1,125 milliards de francs est ouvert pour les besoins des armées.

Il meurt dans la nuit du de fièvre typhoïde et est inhumé dans sa ville natale le après célébration d'un deuil national. Des obsèques nationales ont lieu aux Invalides, la veille[11].

Postérité[modifier | modifier le code]

  • Jean Maginot (1907-1926, sans postérité).
  • Françoise Maginot (1909-1950, sans postérité).

Militaire[modifier | modifier le code]

  • Son nom a été donné à la célèbre ligne de fortifications françaises : la ligne Maginot.
  • Son nom a été donné au quartier militaire de Thierville-sur-Meuse.

Voies[modifier | modifier le code]

Association[modifier | modifier le code]

Monument[modifier | modifier le code]

  • À Verdun, un monument représentant André Maginot blessé se trouve sur le bord de la route, le long du massif forestier de Souville.

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Carnets de patrouille, écrit en 1915, publié par Grasset, 1940.

Autres[modifier | modifier le code]

André Maginot a été président de la Fédération française d'escrime de 1919 à 1932, et président de la Fédération internationale d'escrime de 1921 à 1924.

Texte débattu à l'Assemblée nationale pour la construction de la Ligne portant son nom et inscrit sur le monument près du fort de Souville :

« Quelle que soit la conception que l'on puisse se faire d'une guerre future, il est une nécessité qui demeure impérieuse, c'est d'empêcher l'invasion du territoire. Nous savons quels désastres elle peut accumuler, désastres tels que la victoire elle-même n'arrive pas ensuite à en compenser les irréparables dommages. Les organisations défensives des frontières dont nous voulons l'exécution, n'ont pas d'autre but que de barrer la route à l'invasion toujours possible.

Le béton vaut mieux à cet égard et coûte moins cher que le mur de poitrines. »

Décorations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives numérisées de l'état civil de Paris, acte de naissance no 9/376/1877 (consulté le 18 juin 2012).
  2. Marc Sorlot, André Maginot (1877-1932), C. Lacour Éditeur, (ISBN 978-2-7504-1308-8, lire en ligne)
  3. Jacques Chauvin, Paul Doumer, le président assassiné, FeniXX, (ISBN 978-2-307-20202-8, lire en ligne)
  4. Pierre Martin/Pierre Grain, La Ligne Maginot, cette inconnue, Publibook, p. 32.
  5. Alain Denizot, Verdun et ses champs de bataille, Nouvelles Éditions latines, p. 19.
  6. « Le Grand écho du Nord de la France », sur Gallica, (consulté le )
  7. « Six mois qui incendièrent le monde », François Roth, Éditions Tallandier, 2014
  8. Historique de la Fédération nationale André Maginot
  9. « Le symbole de la Flamme sous l'Arc de Triomphe », sur laflammesouslarcdetriomphe.org (consulté le )
  10. Marc Sorlot, « Les entourages militaires d’André Maginot dans les années 1920, in Les officiers, le pouvoir et la vie publique en France, Olivier Forcade, Éric Duhamel et Philippe Vial », Histoire de la France aux XIXe et XXe siècles, 47,‎ , p. 143-151 (lire en ligne)
  11. « Les obsèques nationales de Maginot », L'Express de l'Est,‎ (lire en ligne)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • André Maginot (1877-1932) - L'homme politique et sa légende de Marc Sorlot, éditions Serpenoise,
    Invitation aux obsèques nationales d'André Maginot.
    1995 (avec le concours de la Fédération nationale André-Maginot).
  • André Maginot (1877-1932) Une forte personnalité à découvrir de Marc Sorlot, Lacour Éditeur, 2006.
  • André Maginot : un destin, un héritage de Maurice Gambert, Gérard Longuet, Marc Sorlot, Michel Dremeau, Michel Gibot, Henri Lacaille, Robert Rideau, Cherche midi Éditeur, 2014 (ISBN 978-2-7491-3414-7).
  • Carnets de patrouille d'André Maginot (Fédération nationale André-Maginot).
  • Daniel Hochedez, « Les députés d'Argonne pendant la Grande Guerre », revue Horizons d'Argonne, n° 96, juin 2019, pages 39-68 (lire en ligne).
  • Dir. Jean El Gammal, François Roth et Jean-Claude Delbreil, Dictionnaire des Parlementaires lorrains de la Troisième République, Metz, Serpenoise, (ISBN 2-87692-620-2, OCLC 85885906), p. 234-238

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]