Juliette Gréco

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Juliette Gréco
Juliette Gréco en concert en 2006.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Surnoms
La muse de Saint-Germain-des-Prés, Gréco, La GrécoVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Période d'activité
Fratrie
Charlotte Gréco (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Philippe Lemaire (de à )
Michel Piccoli (de à )
Gérard Jouannest (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Laurence Lemaire (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Discographie
Prononciation

Juliette Gréco, née le à Montpellier (Hérault) et décédée le à Ramatuelle (Var)[1], est une chanteuse et actrice française.

Figure emblématique de la chanson française à texte avec une carrière s’étalant sur près de sept décennies, elle est notamment célèbre pour avoir été l'interprète d'auteurs tels que Raymond Queneau, Jacques Prévert, Léo Ferré, Boris Vian, Guy Béart et Serge Gainsbourg.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fille de déportée[modifier | modifier le code]

Juliette Gréco est née d'un père d'origine corse, le commissaire de la police des jeux Gérard Gréco, et d'une mère bordelaise, Juliette Lafeychine (1899-1978)[2]. Ses parents étant séparés, elle est élevée avec sa sœur aînée Charlotte (1924-2021) à Bordeaux par ses grands-parents maternels, qui meurent tous deux en 1933. Leur mère les rejoint alors et les emmène toutes les deux à Paris. Passionnée de danse, Juliette, en 1939, est petit rat à l'Opéra Garnier.

La guerre ayant éclaté, la famille retourne dans le sud-ouest de la France, en Dordogne. Les filles sont scolarisées à Montauban chez les « Dames noires », l'Institut Royal d'éducation Sainte Jeanne d'Arc[3]. C'est là que leur mère participe à une filière d'évasion vers l'Espagne et Gibraltar via Bordeaux[4]. Elle est arrêtée en 1943. Les deux sœurs s'enfuient par le premier train pour Paris mais sont suivies par un des agents de la Gestapo de Périgueux[4].

Elles sont brutalement capturées cinq jours plus tard devant le café Pampam, place de la Madeleine, et emmenées au siège de la Gestapo, 80, avenue Foch, où Charlotte est torturée, Juliette violemment battue, mais auparavant elle avait réussi, en se rendant aux toilettes, à jeter les documents compromettants[4] que sa sœur, agent de liaison, transportait pour la Résistance[5]. Elles sont emprisonnées à la maison d'arrêt de Fresnes. La mère et la sœur aînée sont déportées à Ravensbrück, où elles se retrouvent dans le même block que Denise Jacob, rejointes en février 1944 par Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Elles en reviendront, après la libération du camp par l'Armée rouge, le .

En raison de son jeune âge, Juliette est libérée. Après avoir récupéré ses affaires au siège de la Gestapo française dans le 16e arrondissement de Paris, elle se retrouve seule et sans ressources « sur l'avenue la plus belle du monde, l'avenue Foch », avec un ticket de métro en poche[6]. Elle se rend alors chez la seule personne de sa connaissance résidant dans la capitale, Hélène Duc, qui a été, avant la guerre, son professeur de français. Elle sait que cette amie de sa mère habite près de l'église Saint-Sulpice, 20, rue Servandoni[Note 1]. L'adolescente y est logée et prise en charge. Elle s'habille des vêtements des garçons de la maison, les seuls disponibles, et d'une paire de chaussures donnée par une amie d'Hélène Duc, Alice Sapritch[4]. Elle invente là le style Saint-Germain[4].

Saint-Germain-des-Prés[modifier | modifier le code]

Le quartier Saint-Germain-des-Prés est à deux pas de là et, en 1945, Juliette découvre le bouillonnement intellectuel de la rive gauche et la vie politique à travers les Jeunesses communistes. Hélène Duc l'envoie suivre les cours d'art dramatique dispensés par Solange Sicard[6]. Juliette décroche quelques rôles au théâtre (Victor ou les Enfants au pouvoir[7] en ) et travaille dans une émission de radio consacrée à la poésie.

En 1950, elle pose pour le Studio Harcourt, cheveux longs et frange.

Juliette noue des relations amicales avec de jeunes artistes (elle vit un temps avec le peintre Bernard Quentin au 7, rue Servandoni) et intellectuels du quartier de Saint-Germain-des-Prés, dont Anne-Marie Cazalis et Boris Vian. Jean-Paul Sartre lui permet de s'installer à l'hôtel La Louisiane[8] où il réside : elle vit dans la chambre 10, la seule qui ait une baignoire avec de l'eau chaude. Elle y vivra une romance avec un autre locataire, celui de la chambre 76, le musicien Miles Davis. Dans l'un des établissements de la rue Dauphine, Le Tabou, elle découvre par hasard, grâce à son manteau qu'elle avait posé sur la rampe et qui était tombé en bas d'un escalier, que celui-ci dispose d'une grande cave voûtée inutilisée que le patron appelle « le tunnel ». Juliette et ses amis trouvent l'endroit idéal pour y faire de la musique et danser tout en discutant de philosophie. Il suffit d'une semaine pour que les curieux viennent en nombre pour observer cette nouvelle et bizarre faune baptisée existentialistes. Juliette, devenue la célèbre muse de Saint-Germain-des-Prés sans avoir rien accompli de probant, décide alors de justifier sa célébrité en optant pour la chanson. Jean-Paul Sartre lui confie une sorte de mélopée qu'il a écrite pour sa pièce de théâtre Huis clos et lui conseille d'aller voir le compositeur Joseph Kosma pour que celui-ci en réécrive la musique[Note 2] qu'il ne trouvait pas réussie. C'est ainsi que Juliette interprète la chanson Rue des Blancs-Manteaux, œuvre née de la plume du chantre de l'existentialisme et d'un compositeur rompu à l'art de mise en musique de la poésie (notamment celle de Jacques Prévert)[6].

Au début des années 1960, elle a une relation avec le producteur américain Darryl F. Zanuck[9], juste après avoir rompu avec Sacha Distel[10].

Débuts[modifier | modifier le code]

Juliette Gréco dans V Magazine en 1951.

En 1949, disposant d'un riche répertoire (de Jean-Paul Sartre à Boris Vian...), Juliette Gréco participe à la réouverture du cabaret Le Bœuf sur le toit. Elle rencontre cette année-là Miles Davis, dont elle tombe amoureuse[11]. Il hésite à l'épouser, ce qui est impensable aux États-Unis (à l'époque, les unions entre Noirs et Blancs sont illégales dans de nombreux États américains). Lui ne voulant pas lui imposer une vie aux États-Unis en tant qu'épouse d'un Noir américain, et elle ne voulant pas abandonner sa carrière en France, ils renoncent et Miles rentre à New York à la fin mai[12].

En 1956

En 1951, elle reçoit le prix de la SACEM pour Je hais les dimanches. En 1952, elle part en tournée au Brésil et aux États-Unis dans la revue April in Paris. En 1954, elle chante à l'Olympia. En mai 1958, son ami Boris Vian devient son directeur artistique (label Fontana, filiale de Philips) et demande à André Popp de composer pour une nouvelle chanteuse, Juliette Gréco, Musique mécanique (auteur : Boris Vian), La Complainte du téléphone (auteur : François Billetdoux) et De Pantin à Pékin (auteur : Pierre Delanoë).

Elle rencontre le comédien Philippe Lemaire, sur le tournage du film Quand tu liras cette lettre de Jean-Pierre Melville, et l'épouse le . Ils divorcent en 1956 après la naissance de leur fille Laurence-Marie (née le et morte en 2016)[2].

Elle repart pour New York et ses interprétations des plus grands auteurs français enthousiasment les Américains[réf. nécessaire].

Le , de passage à Amsterdam.

Mel Ferrer, qu'elle a connu sur le tournage d’Elena et les Hommes de Jean Renoir (1956) et qui est devenu un de ses « grands copains »[13], lui téléphone depuis Mexico où va se tourner son prochain film, car il pense qu'elle conviendrait « à son producteur qui cherche une Française pour un petit mais très intéressant rôle dans Le soleil se lève aussi dirigé par Henry King »[13]. C'est ainsi qu'elle fait la connaissance de Darryl F. Zanuck, avec qui elle entame une relation amoureuse[Note 3]. Elle tourne dans quelques-unes de ses productions, notamment Les Racines du ciel (John Huston, 1958) et Drame dans un miroir (Richard Fleischer, 1960), films dans lesquels elle partage l'affiche avec Orson Welles. Mais sa relation avec Zanuck est houleuse car celui-ci, dixit Juliette Gréco, « possessif et passionné. […] a vécu avec moi une aventure exotique, mais finalement douloureuse, malheureusement »[14]. En même temps que s'achève sa relation avec Darryl Zanuck, c'est avec le film d'aventure Le Grand Risque (Richard Fleischer, 1961) que s'achève sa carrière « hollywoodienne », sans qu'elle ait jamais mis les pieds dans les studios américains de la 20th Century Fox[Note 4].

Consécration[modifier | modifier le code]

A Amsterdam en 1962

Au début des années 1960, elle revient à la chanson et ne la quitte plus. Elle chante notamment Jacques Brel, Léo Ferré, Guy Béart et aussi Serge Gainsbourg, qui est alors un quasi-inconnu.

Certaines de ses chansons sont censurées pour cause d’antimilitarisme ou d’immoralité[15].

A l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol en 1964

En 1962, elle fait partie des premiers actionnaires de Minute. À cette époque le journal, fondé par Jean-François Devay, médaillé de la Résistance, « est alors plutôt tourné vers l’actualité « people ». [...] Et s’inscrit également dans la lignée des journaux satiriques » du moment. Il compte parmi ses premiers actionnaires des personnalités comme Françoise Sagan, Eddie Barclay, Fernand Raynaud, Alain Griotteray ou encore Marcel Dassault[16].

En 1965, elle se produit gratuitement dans les maisons des jeunes et de la culture de la banlieue parisienne, devant un public constitué d'étudiants et d'ouvriers. Toujours en 1965, elle tient un rôle de premier plan dans le feuilleton télévisé Belphégor ou le Fantôme du Louvre. La même année, lors d'un « dîner de têtes d'affiches » organisé par le magazine Télé 7 jours, elle est assise aux côtés de Michel Piccoli, dont elle tombe amoureuse. Ils se marient en 1966 et se séparent en 1977[2].

Le , à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol.

Du 16 septembre au 23 octobre 1966, le TNP accueille pour la première fois dans sa grande salle (2 800 places) du palais de Chaillot deux chanteurs : Juliette Gréco et Georges Brassens[17].

En 1968, elle inaugure la formule des concerts de 18 h 30 au théâtre de la Ville à Paris. Elle y interprète l'une de ses plus célèbres chansons, Déshabillez-moi.

Attentive au mouvement de Mai 68, elle héberge chez elle quelques jours Alain Krivine, menacé d’arrestation. Elle adhère au Mouvement de la paix[15].

Elle enregistre en avril 1969 un titre de Didier Rimaud à la demande de son ami François Rauber, Faudrait aller plus loin, chanson intégrée à l'album Difficile amour de Bernard Geoffroy[Note 5].

En 1972, aux côtés du chanteur Claudio Villa en marge d'un concert donné au profit de l'Unicef à Turin.

Au début des années 1970, Juliette Gréco effectue de nombreuses tournées à l'étranger (notamment en Italie, en Allemagne, au Canada et au Japon), alors qu'en France, son succès semble marquer le pas. En effet, en 1972, elle quitte les productions Philips, chez qui elle enregistrait depuis plus de vingt ans, pour les productions Barclay et, sous ce label, sort deux albums : Juliette Gréco chante Maurice Fanon (1972) et Je vous attends (1974), opus essentiellement écrit par Henri Gougaud, exception faite de Ta Jalousie de Jean-Loup Dabadie et de la reprise de L'Enfance, chanson de Jacques Brel (extraite de son film de 1973, Le Far West). Parallèlement, Gérard Jouannest, son pianiste et accompagnateur depuis 1968, qu'elle épouse vingt ans plus tard, devient son compositeur attitré.

Le , elle est présente, tout comme son époux Michel Piccoli, au grand meeting de l’Union de la gauche au parc des Expositions, conséquence de la signature du programme commun[15]. Elle soutient François Mitterrand pour l'élection présidentielle de 1974[18] et lui renouvelle son soutien en 1981 et en 1988 tout en soutenant le Parti communiste français (PCF) pour les élections législatives. Engagée en faveur de plusieurs causes (paix, homosexualité, sans-papiers), elle chante à la fête de l'Humanité en 1999 et à la fête de Lutte ouvrière en 2001[15].

Nouveau changement de maison de disque en 1975. Elle quitte Barclay pour faire graver ses deux albums suivants chez RCA Victor : Vivre en 1975, et Gréco chante Jacques Brel, Henri Gougaud, Pierre Seghers en 1977. Pour ces deux albums, elle reprend sa plume de parolière (exercice auquel elle s'est déjà essayée en 1969) pour écrire successivement : Fleur d'orange, Le Mal du temps et L'Enfant (1975), Pays de déraison et L'amour trompe la mort (1977). Sa carrière de parolière s'achève avec ces cinq titres[Note 6].

Entre 1982 et 1983, elle semble faire un bilan de sa carrière, car consécutivement à la parution de ses mémoires (Jujube, Stock, ), Juliette Gréco établit sous la direction artistique de Gérard Meys son anthologie discographique telle qu'elle la conçoit à ce moment-là. François Rauber réalise les arrangements et dirige l'orchestre tandis que Gérard Jouannest est au piano. Cette anthologie est commercialisée en trois volumes séparés chez les disques Meys (voir discographie).

Toujours chez les disques Meys, Gréco enregistre un nouvel album, Gréco 83 où, encore une fois, de nouveaux auteurs venus d'horizons divers lui écrivent du sur-mesure, dont Les Années d'autrefois, du journaliste Richard Cannavo, qui devient un titre incontournable de ses tours de chant. Parmi les autres auteurs figurent le dessinateur humoristique Gébé (Bleu sans cocaïne), l'auteur-compositeur-interprète Allain Leprest (Le Pull-over, musique de Jean Ferrat) et le parolier Claude Lemesle (Y a que les hommes pour s'épouser).

Elle est faite chevalier de la Légion d'honneur par le Premier ministre Laurent Fabius, le .

Elle retrouve son public de l'Olympia en 1991 et l'album du concert est édité par Philips.

Elle enregistre en 1993 un album écrit par Étienne Roda-Gil sur des musiques, entre autres, de João Bosco, Julien Clerc, Gérard Jouannest et Caetano Veloso[Note 7].

En octobre de la même année, un nouvel Olympia précède une tournée.

Après une absence discographique de quatre ans, elle enregistre, en 1998, pour les disques Meys un album écrit par Jean-Claude Carrière. Son récital au théâtre de l'Odéon à Paris en est enregistré.

2000-2015[modifier | modifier le code]

Au Festival de Vienne en Autriche en 2009

En 2003, Juliette Gréco enregistre chez Polydor un nouvel album sur des textes de Christophe Miossec, Marie Nimier et Jean Rouault, Benjamin Biolay et Gérard Manset. L'ensemble est mis en musique par Gérard Jouannest et François Rauber.

Elle retrouve l'Olympia en 2004.

En 2006, elle part pour New York enregistrer un album avec des musiciens de jazz qui paraît en France sous le titre Le Temps d'une chanson. Elle le chante sur la scène du théâtre du Châtelet à Paris seulement accompagnée d'un piano et d'un accordéon.

Le , les Victoires de la musique la couronnent d'une « Victoire d'honneur » pour toute sa carrière. Pour la première fois, le , elle donne un concert à la salle Pleyel accompagnée d'une formation réduite.

En , elle enregistre en duo la chanson Roméo et Juliette avec Abd Al Malik (album Dante). Fin 2008, début 2009, elle prépare un nouvel album réalisé à partir de textes d'Olivia Ruiz et d'Abd Al Malik. Je me souviens de tout marque également sa rencontre - enfin - avec Brigitte Fontaine.

Proche de la gauche, elle a cosigné, avec Pierre Arditi, Maxime Le Forestier et Michel Piccoli une lettre ouverte[19], le , à l'intention de Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, appelant les députés socialistes à adopter la loi Création et Internet.

En , un nouveau documentaire, Je suis comme je suis de Brigitte Huault-Delannoy, est projeté en son honneur et en sa présence à Montréal (place des Arts).

Le elle donne le récital de clôture du festival de Valence sur la scène du parc Jouvet, accompagnée par son pianiste Gérard Jouannest et un accordéoniste. Des centaines de spectateurs l'applaudissent et lui offrent une longue ovation debout.

Elle est membre du comité de parrainage de la Coordination pour l'éducation à la non-violence et à la paix.

En , elle sort un nouvel album Ça se traverse et c'est beau, un hommage à Paris et ses ponts. Marie Nimier, Thierry Illouz, Amélie Nothomb, François Morel, Antoine Sahler, Philippe Sollers, Gérard Duguet-Grasser ou encore Jean-Claude Carrière figurent entre autres parmi les auteurs des chansons de cet album. Melody Gardot, Marc Lavoine et Féfé l'accompagnent chacun en duo et Guillaume Gallienne y interprète un texte. En février 2012, elle est pour trois soirs sur la scène du théâtre du Châtelet de Paris. Le , à l'occasion de son 85e anniversaire, elle est la vedette de la soirée sur Arte qui diffuse Juliette Gréco, l'insoumise le film documentaire d'Yves Riou et Philippe Pouchain (projeté au « Rendez-vous with French Cinéma » à New-York) suivi de son concert de 2004 à l'Olympia ; pour les téléspectateurs allemands, les chansons de son concert ont été sous-titrées par des textes allemands dus à la plume de Didier Caesar (Dieter Kaiser, Stuttgart). Le , Juliette Gréco reçoit, des mains du maire Bertrand Delanoë, la Grande médaille de vermeil de la Ville de Paris. Bertrand Delanoë déclare : « Il était temps que sa ville lui dise merci. Juliette Gréco, c'est la Parisienne. La Parisienne d’aujourd’hui et la Parisienne qui incarne le temps de Paris qui ne passe jamais ». La chanteuse, qui a souvent représenté la France et Paris à l'étranger, répond : « Je ne suis pas née à Paris, j'ai vu le jour à Montpellier. Mais j'ai été mise au monde ici[20],[21]. ». En Allemagne, le , elle monte de nouveau sur la scène du Theaterhaus Stuttgart (de) pour un concert donné à guichets fermés, accompagnée par son pianiste et mari Gérard Jouannest, devant un public ravi qui, pour la remercier, se lève pour l'applaudir. Dans sa loge elle accueille le traducteur et interprète de chansons françaises Dieter Kaiser, chanteur lui-même de chansons et auteur-compositeur allemand sous le nom de scène Didier Caesar. Le , elle est faite « citoyenne d’honneur de la Ville de Montpellier » et inaugure la plaque apposée sur la façade de la maison située au 2, rue Doria (quartier des Arceaux) où elle est née le au matin. Elle y a vécu jusqu’à l’âge de trois ans avant d’aller habiter chez sa grand-mère maternelle domiciliée dans le Bordelais[22].

Le , Juliette Gréco, victime d'un malaise après quarante-cinq minutes, n'a pas pu finir son concert sur la scène de l'espace Montgolfier à Davézieux, près d'Annonay (source Le Dauphiné/Ardèche). Le sort, chez Deutsche Grammophon/Universal Music, l'album Juliette Gréco chante Brel, réunissant douze chansons de Jacques Brel arrangées par le pianiste Bruno Fontaine et par le mari de la chanteuse, Gérard Jouannest[23]. Deux récitals de la chanteuse sont annoncés pour les 16 et à l'Olympia[23].

En 2014, le trompettiste Ibrahim Maalouf l'invite dans le concert qu'il donne à l'Olympia et l'accompagne dans la reprise de La Javanaise[Note 8].

Début 2015, elle annonce une ultime tournée qui débutera fin  : « J'ai 88 ans, et je n'ai pas envie de monter sur scène en boitant. C'est une question de courtoisie, de dignité. [...] Je veux partir debout. Je ne voudrais pas faire pitié. J'ai horreur de ça », déclare-t-elle durant une interview avec Le Parisien. Le , elle commence sa tournée d’adieu intitulée « Merci » qui dure un an[24]. À la première date de sa tournée, le au Printemps de Bourges, elle est obligée d’écourter son récital, victime d’un coup de chaleur. Elle est de nouveau victime d'un coup de chaleur à la première date de sa tournée au Canada à Tadoussac le et ne peut terminer son tour de chant. En , sort L'Essentielle, une anthologie de ses chansons en 13 CD ainsi qu'une compilation intitulée Merci ! incluant la chanson inédite Merci, écrite par Christophe Miossec et composée par Gérard Jouannest.

« Merci », tournée d'adieux[modifier | modifier le code]

Sa tournée d'adieux « Merci », comprenant plusieurs dizaines de dates, a lieu en avant-première le à Athènes (Grèce), mais commence officiellement le au Printemps de Bourges. Juliette Gréco chante ensuite à Tel Aviv au début , puis au Canada à Tadoussac, Montréal, Sherbrooke et Toronto en , en Italie à Milan et Spolète puis en Belgique à Anvers en , à la Fête de l'Humanité, au festival de la voix au Pays de Dieulefit ainsi qu'à Amsterdam en , en Allemagne (Berlin, Francfort, Hambourg, Stuttgart) puis une partie de la France (Tours, Limoges, Lons-le-Saunier et Caen) en octobre et . En , elle fait quelques grandes salles parisiennes (Châtelet, théâtre des Champs-Élysées et La Cigale). Le , elle donne un concert exceptionnel dans le musée du Louvre devant la sculpture de la Victoire de Samothrace puis un autre le , jour de ses 89 ans, au théâtre de la Ville de Paris qu'elle avait inauguré en 1968. De la fin février à la mi-, elle continue sa tournée en province française, elle chante à Abbeville, Châtel-Guyon, Nîmes, Sérignan, Saint-Estève. Le , elle est victime d'un AVC dans un hôtel du centre-ville de Lyon où elle faisait étape en vue d'un concert à Sausheim prévu le lendemain. Quelque temps après cet AVC, son entourage indique qu'elle a « bien récupéré » et « retrouvé toutes ses facultés physiques et intellectuelles ». Pourtant, début avril, son producteur annonce qu'elle entame une convalescence et qu'elle devra reporter à l'automne 2016 la plupart des concerts prévus au printemps : Sausheim, Maisons-Alfort, Chenôve, Langres, au Casino de Paris ainsi qu'à Cardiff, au Barbican Centre de Londres et au Bunkamura Hall de Tokyo. Au fil des mois, elle annule graduellement l'intégralité des dates restantes de sa tournée. Son dernier concert restera donc celui du au Théâtre de l'Étang à Saint-Estève, dans les Pyrénées-Orientales.

Dans le magazine Télérama du , elle se confie sur sa vie depuis son accident cérébral et son retrait de la scène, révélant notamment au public la mort de sa fille Laurence à l'âge de 62 ans en 2016[25].

Mort[modifier | modifier le code]

Tombe de Juliette Gréco au cimetière du Montparnasse (division 9).

Elle meurt le dans sa demeure à Ramatuelle (Var), à l'âge de 93 ans ; après une cérémonie à l'église de Saint-Germain-des-Prés, elle est inhumée dans la plus stricte intimité le [26] au cimetière du Montparnasse (division 7), auprès de son dernier époux, Gérard Jouannest, mort en 2018[27].

Carrière internationale[modifier | modifier le code]

Tout au long de ses près de soixante-dix ans de carrière, depuis sa première tournée au Brésil en 1950 jusqu'à la fin de sa carrière en 2016, Juliette Gréco s'est produite sur les scènes des plus grands opéras ou théâtre d'Europe (Espagne, Portugal, Italie, Belgique, Suisse, Pays-Bas, Grande-Bretagne...). Après la Seconde Guerre mondiale, elle est d’ailleurs la première chanteuse française à se produire en Allemagne (notamment à la Philharmonie de Berlin où elle retourne régulièrement, de la seconde moitié des années 1960 jusqu’aux années 2000). Dès les années 1950, Juliette Gréco s’installe définitivement parmi les rares artistes français capables de remplir des salles dans le monde entier, tout en s'entourant généralement de musiciens français et en leur donnant des opportunités de carrières internationales (ex. : Joss Baselli[28], Léo Petit, Richard Galliano, Gérard Gesina Jean-Marc Lajudie[29]). À titre d'exemple, on compte plus d'une trentaine de tournées au Japon depuis 1961, de multiples concerts aux États-Unis, en Amérique du Sud, au Canada, en Israël… Au Chili, l’un de ses récitals fait date : conviée à chanter devant un parterre de militaires, la chanteuse interprète ce soir-là un programme constitué en majeure partie de chansons antimilitaristes : « Je suis sortie de scène dans un silence de mort ; le plus beau bide de ma carrière »[réf. nécessaire].

Vie privée[modifier | modifier le code]

En Israël en 1962

À 19 ans, elle rencontre son premier amour, le champion automobile Jean-Pierre Wimille[30], bien qu'il ait le double de son âge et soit marié. Leur relation prend fin tragiquement avec la mort accidentelle du champion pendant une course en .

En 1963.
Photo d'Erling Mandelmann.

Au printemps 1949, à 22 ans, elle rencontre le trompettiste de jazz américain Miles Davis alors qu'elle se produit sur la scène du cabaret Le Bœuf sur le toit. Miles Davis, alors âgé de 23 ans, est de passage à Paris. Michèle Vian, l'épouse de Boris Vian, les présente l'un à l'autre. Leur coup de foudre est réciproque. La ségrégation raciale sévissant outre-Atlantique à cette époque les empêche d'envisager un avenir commun sur le sol américain. Miles Davis rentre seul aux États-Unis[31]. Juliette Greco confiera plus tard entendre la liberté dans sa musique, si précieuse dans le contexte de l'après-guerre. Ils se reverront par la suite aux États-Unis et en France, peu de temps avant la mort du musicien[32].

En 1953, elle se marie avec le comédien Philippe Lemaire[2] (1927-2004). Ils ont une fille, Laurence-Marie Lemaire, scripte de cinéma, morte d'un cancer (1954-2016)[33],[34]. Ils se séparent en 1956. Juliette consacre deux chansons à sa fille en 1970, l'année de ses 16 ans[35].

En 1957, elle rencontre le producteur américain Darryl F. Zanuck qui la courtise activement[Note 9]. Il a finalement une idylle avec elle et voudrait en faire une vedette hollywoodienne. Elle tourne sur ses conseils dans plusieurs films, mais l’histoire d’amour entre « la muse de l’existentialisme » et le prestigieux producteur américain prend fin l'année suivante « Tout s’est déglingué, je suis un animal totalement sauvage. Il ne faut pas chercher à m’enfermer même dans une cage dorée[36]. »

De 1966 à 1977, elle est mariée à l'acteur Michel Piccoli (1925-2020)[37],[38] et, en 1988, elle épouse Gérard Jouannest (1933-2018)[39].

Interprète[modifier | modifier le code]

Au studios de cinéma Cinetone d'Amsterdam, en 1962

Juliette Gréco s'applique à interpréter et révéler de nouveaux auteurs et compositeurs, démarche artistique qui semble l'enthousiasmer davantage que d'écrire elle-même ses chansons, déclarant « Je suis là pour servir, je suis interprète. »

Juliette Gréco lors de l'ouverture du Festival de Vienne 2009 en Autriche.

« Dans tout ce que je chante et dans ma vie, je suis là quelque part. […] Les mots, c'est très grave, pour moi. […] Je ne peux pas mettre dans ma bouche des mots qui ne me plaisent pas. […] Je suis là pour servir. Il y a une belle phrase dans la Bible, qui dit : « Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole. » Et moi, mes Seigneurs, ce sont les écrivains et les musiciens. Je suis là pour servir, je suis interprète[40]. […] La chanson est un art particulier, extrêmement difficile (quand c'est bien), contrairement à ce qu'on peut croire. Il faut écrire une pièce de théâtre ou un roman en 2 minutes ½ / 3 minutes et c'est un exercice extraordinaire. C'est grave, une chanson. Ça va dans les oreilles de tout le monde, ça se promène dans la rue, ça traverse la mer, c'est important une chanson, ça accompagne votre vie… […] Les poètes, les musiciens, ils ont besoin d'interprètes. Ils ne sont pas toujours les meilleurs interprètes de leurs œuvres, ce n'est pas vrai[Note 10]. Quelquefois, nous, interprètes, nous trouvons des choses qu'ils n'ont pas entendues, d'eux-mêmes… »

Discographie[modifier | modifier le code]

Quelques chansons célèbres de son répertoire[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

Livres audio[modifier | modifier le code]

Émissions de télévision[modifier | modifier le code]

La. La. La. — Émission télé de 1966[modifier | modifier le code]

Lors de cette émission[43] qui lui est entièrement consacrée, Gréco est entourée de Charles Trenet, Joseph Kosma, Françoise Sagan, Serge Gainsbourg et Pierre Louki. Deux d'entre eux témoignent ainsi :

  • Joseph Kosma : « Vous avez changé le visage de la chanson parce que votre choix est toujours la poésie. La chanson n'est pas toujours poétique et puis vous avez vraiment fait quelque chose de très important. Simplement, vous existez, cela suffit. »
  • Serge Gainsbourg (après avoir interprété La Javanaise) : « Cette Javanaise, qui fut si incomprise parce que j'y parle javanais, je l'ai écrite pour Juliette Gréco et je lui ai donnée [sic] aussitôt son retour des Amériques [sic] [parution en mai 1963]. Je pense être un auteur privilégié puisqu'elle m'a chanté et je pense qu'il n'y a pas un auteur digne de ce nom ou au moins ayant un tant soit peu de tenue littéraire qui n'ait souhaité écrire pour elle. »

Auprès de Pierre Louki, Gréco se désole que le talent de celui-ci ne soit pas reconnu à sa juste valeur :

  • Gréco : « Moi, ce qui me fait très, très plaisir, c'est que tu as un très large éventail. C'est-à-dire que tu peux aussi bien écrire des chansons comme ça [Les Vrais copains, qu'il vient d’interpréter] ou comme Il y a vingt ans, ou comme Les Sardines, ou comme La Môme aux boutons… »
  • Pierre Louki : « Ça faisait cinq, six ans (ou peut-être même sept ou huit ans) que j'écoutais les chansons de Juliette Gréco et je me disais, enfin, jamais elle ne me chantera… Et puis un vendredi ou un jeudi soir, enfin en tous les cas la veille, j'ai reçu un coup de fil me disant, viens à tel studio à telle heure, on t'enregistre L'Arbre mort. Je n'étais pas du tout au courant et alors j'ai dit, qui est-ce qui m'enregistre L'Arbre mort ? On m'a dit : Juliette Gréco. Et ça, je dois dire que je n'en revenais pas du tout et puis maintenant, je suis bougrement content… » (Gréco chante Sur l'Arbre mort, paroles de Pierre Louki et musique de Colette Mansard, 1963).

Distinctions[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Rose[modifier | modifier le code]

Rose 'Juliette Gréco' à la roseraie de Bagatelle.

Odonymes[modifier | modifier le code]

Chansons[modifier | modifier le code]

  • Juliette Gréco est mentionnée dans les paroles de la chanson Le Temps des étudiants, interprétée par Les Compagnons de la chanson — présente sur leur album À Bobino, sorti en 1966 — et écrite par l'un d'entre eux, Jean Broussolle (qui reprend la musique, composée par l'américain Arthur Kent, de The Bird of bleeker street, du répertoire du groupe musical folk-dixie : The Village Stompers (en)) : « […] Gréco, ses longs cheveux dans le dos / Faisait les beaux jours des Deux Magots / Et au Flore, quand elle était là / On retenait son fauteuil tout comme à l'Olympia […] ». Dans l'album L'Eau de Jeanne Cherhal, le titre sous forme de bonus Greco, est rebaptisé Astoria sur l'album Charade[50], et fait référence au palace Waldorf-Astoria où la chanteuse a invité Miles Davis en 1957 et où elle vit là sa première expérience du racisme outre-Atlantique, le maître d'hôtel rechignant à s'occuper d'eux[12].
  • Son nez (objet de plusieurs rhinoplasties), est évoqué dans les paroles de la chanson Et mon père, écrite, composée et interprétée par Nicolas Peyrac et sortie en 1975 : « […] Et Juliette avait encore son nez. / Aragon n'était pas un minet. / Sartre était déjà bien engagé. / Au Café de Flore, y avait déjà des folles / Et mon père venait de débarquer. […] ».
  • Juliette Gréco est le titre d'une création slamée d'Abd al Malik (en collaboration avec Laurent Garnier et Bilal Al Aswad, frère ainé d'Abd al Malik), treizième et dernière œuvre de l'album Scarifications sorti en 2015.

Théâtre[modifier | modifier le code]

Bande dessinée[modifier | modifier le code]

Le roman graphique Miles et Juliette publié en 2019, met en scène la brève histoire d'amour entre la chanteuse et Miles Davis[51].

Publications[modifier | modifier le code]

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Mémoires[modifier | modifier le code]

Récits[modifier | modifier le code]

Documents audiovisuels[modifier | modifier le code]

Vidéographie[modifier | modifier le code]

Documentaires télévisés[modifier | modifier le code]

  • 2009 : Juliette Gréco « Je suis comme je suis », documentaire de Brigitte Huault-Delannoy (dans la collection Empreintes de France 5)
  • 2012 : Juliette Gréco, l'insoumise, documentaire d'Yves Riou et Philippe Pouchain, diffusion le sur Arte, soirée Thema, Juliette, la Gréco[52]
  • 2015 : Juliette Gréco, une femme libre, réalisé par Valérie Inizan et Jérôme Bréhier, voix off et interview par Stéphane Bern

Son personnage dans la fiction[modifier | modifier le code]

Témoignages[modifier | modifier le code]

Télégramme de Paul Chaland, rédacteur en chef de Paris Match, du musée de la Gendarmerie et du Cinéma de Saint-Tropez (1962)
  • Jean-Paul Sartre[Note 15] : « Gréco a des millions dans la gorge : des millions de poèmes qui ne sont pas encore écrits, dont on écrira quelques-uns. On fait des pièces pour certains acteurs, pourquoi ne ferait-on pas des poèmes pour une voix ? Elle donne des regrets aux prosateurs, des remords. Le travailleur de la plume qui trace sur le papier des signes ternes et noirs finit par oublier que les mots ont une beauté sensuelle. La voix de Gréco le leur rappelle. Douce lumière chaude, elle les frôle en allumant leurs feux. C'est grâce à elle, et pour voir mes mots devenir pierres précieuses, que j'ai écrit des chansons. Il est vrai qu'elle ne les chante pas[Note 16], mais il suffit, pour avoir droit à ma gratitude et à celle de tous, qu'elle chante les chansons des autres. »
  • Pierre Mac Orlan[Note 17] : « Si vous entendez une voix qui est l'appel de l'ombre, c'est Gréco. Si les yeux clos, vous entendez la chanson de votre adolescence…c'est Gréco. C'est Juliette Gréco qui mène la chanson chez qui la lui réclame. »
  • Louis Nucéra[Note 18] : « Juliette Gréco est davantage qu'un nom. C'est son prestige. Un mythe. Dans le cœur des foules d'Orient et d'Occident, elle est la plus grande depuis la disparition de Piaf. Elle a la beauté millénaire des chats et aussi leurs superbes silences peuplés de magie. »
  • Alice Sapritch[Note 19] : « Je l'ai connue à Saint-Germain-des-Prés quand elle avait 16 ans. Elle y chantonnait déjà. On l'appelait Toutoute. C'était une période de vaches maigres et les chaussures manquaient comme le reste. Je lui en ai offert une paire en semelles de crêpe, c'était rare à l'époque. Elle en parle encore aujourd'hui avec beaucoup d'émotion. Je pourrais lui en vouloir un peu parce qu'elle n'a rien fait pour m'aider à rentrer au cinéma lorsqu'elle vivait avec Zanuck. C'est une oublieuse personne, mais je ne lui en veux pas de ses manques. Je l'aime bien et j'apprécie la manière dont elle a fait son chemin. »
  • Jean-Pierre Melville (à propos de son film Quand tu liras cette lettre)[53] : « Gréco, c'était le côté pas sage du film. Juliette n'a jamais été du cinéma. Même à l'époque où elle vivait avec Darryl Zanuck, elle n'a jamais fait partie de ce monde. […] J'aimais beaucoup Juliette, une fille intelligente, vraiment très belle. Quand on se souvient de la petite boulotte de 47-48… Pendant le tournage elle était tellement mince que je l'appelais la limande… »
  • Jacques Mercier, lors d'une émission de la RTB[Note 20] : « Le Portrait chinois que lui consacra André Lemoine nous révéla une chatte plutôt qu'une tigresse. « Chez le Chat Juliette Gréco » nous raconta André « le calme n'est qu’apparence, il cache une grande timidité. Réserve serait probablement un mot mieux adapté. La passion marque tout ce qu'elle entreprend, l'excès aussi, mais son charme et sa merveilleuse tolérance font qu'on lui pardonne volontiers ce travers. Elle s'intéresse en profondeur au monde qui entoure son univers personnel, aime vagabonder, faire des voyages, vivre pleinement les choses de la vie. Ce Chat apprécie, comme bien des chats, les réunions amicales, se prête aux réunions mondaines, histoire de briller, mais aussi d'observer les autres. Amie précieuse et dévouée, Juliette Gréco se montre à l'occasion une critique féroce. À noter qu'elle est plus intuitive que psychologue. Son jugement spontané apparaît sans défaut, alors que ses raisonnements sont souvent obscurcis par sa subjectivité ». Elle donna à André une note maximum. »
  • Benjamin Biolay, à propos de leur collaboration[Note 21],[Note 22] : « Gréco, faudrait être con pour refuser. C'était quand même la fille qui se tapait Miles Davis, qui était dans les camps[Note 23]. Elle incarne une France que j'aime, une idéologie forte. »
  • Bernard Lavilliers[40] : « On ne croise pas tous les jours des gens de ce niveau, qui ont cette espèce de sensibilité, d'intelligence et une sorte de classe tout en pouvant n'être jamais vulgaires, mais extrêmement drôles. Et même employer des mots que seuls les hommes emploient parce qu'elle doit faire ça depuis son adolescence. »
  • Anna Mouglalis[Note 24],[Note 25] : « Gréco se fout des conventions avec une grâce inouïe. C'est une femme qui a eu un répertoire d'homme. Elle a cristallisé énormément de fantasmes sans jamais devenir un objet du désir. »

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Là où vécut jadis Olympe de Gouges.
  2. Composée par Sartre lui-même.
  3. Ils n'ont jamais vécu « en couple ». Juliette Gréco écrit à ce sujet : « Lorsque Darryl Zanuck est en France, il vit à l'hôtel Plaza Athénée. […] Je crois que je fais partie, sans doute, des « choses » qu'il n'a jamais possédées. […] Je ne demandais jamais rien et j'habitais chez moi. J'ai toujours payé mon gaz, mon électricité. […] Il n'a jamais rien payé pour moi. Il m'a fait des cadeaux, mais ne m'a jamais donné un franc ! » Page 201 de ses mémoires Je suis faite comme ça.
  4. Tous ses films de cette période ont été tournés dans des studios mexicains et européens. Source : Jujube et Je suis faite comme ça, mémoires de Juliette Gréco.
  5. Album 33 tours sorti en septembre 1971 sous le label Studio SM (réf. 30M-400).
  6. En tournée au Japon en 1986, Juliette Gréco interprète spécialement pour son public japonais la chanson Le Chant de la flamme, adaptation française, dont elle est l'auteur, d'un poème de l'écrivain francophile Makoto Ōoka. Mais, lors de son récital, alors qu'elle annonce rituellement les noms des auteurs et compositeurs, elle omet de se citer en tant qu'adaptatrice. Source : volume 19 de son intégrale L'Éternel Féminin.
  7. L'année suivante, l'album connaît une nouvelle édition, augmenté d'une chanson, Le Temps des cerises — qu'elle a déjà gravé dans Juliette Gréco : Jolie Môme/Accordéon, volume 2 de son anthologie de 1983 — que désormais, elle présente dans tous ses récitals comme « une chanson d'amour donc une chanson révolutionnaire, et une chanson révolutionnaire donc une chanson d'amour ».
  8. La compilation Ibrahim Maalouf : 10 ans de live paraît le .
  9. Juliette Gréco note à la page 196 de ses mémoires Je suis faite comme ça publiées par les éditions Flammarion en 2012 : « Zanuck est un formidable conteur de souvenirs de tournages et d'anecdotes, pleines d'humour, sur les stars hollywoodiennes. Il est captivant. [...] J'apprécie sa compagnie, nos échanges , sa culture cinématographique. Il parle très bien le français. »
  10. Léo Ferré, invité d'une émission TV du Grand Échiquier de Jacques Chancel où Juliette Gréco interpréta Jolie Môme, déclara qu'il n'avait jamais su comment chanter cette composition.
  11. Fredonnée par Arletty sur une première musique dans le film Les Enfants du paradis, Juliette Gréco en fera « sa chanson » sur une nouvelle composition de Joseph Kosma.
  12. Interprétée par Yves Montand dans le film de Carné et créée auparavant par Cora Vaucaire, Juliette Gréco contribua à faire de cette chanson un succès et un classique mondial.
  13. Après avoir longtemps hésité, Juliette Gréco l'interprète pour la première fois sur scène à Tokyo lors de l'hommage rendu à Jacques Brel pour l'anniversaire de sa disparition en 1988. Elle explique : « Ce n'était pas une chanson que j'aimais, pour son côté larmoyant. Comme je ne suis pas larmoyante du tout, j'en ai fait une chanson d'une extrême violence, une chanson plutôt vainqueur que vaincu. » – Note extraite de son intégrale L'Éternel Féminin.
  14. Ce sont les titres exacts des deux chansons écrites par Jean Renoir et composées par Joseph Kosma pour le film, enregistrées à la Sacem, voir Miarka à la Sacem et Méfiez-vous de Paris à la Sacem. « Ô nuit mon amie je t'attends / Ô nuit donne-moi un amant / Ô nuit mêle-toi à ma chevelure / etc. » sont les premières phrases de la chanson Miarka : « lente supplique d'une femme blessée par l'amour s'adressant à la nuit », notes de Bertrand Dicale pour cette chanson dans le volume 2 de l'intégrale L'Éternel Féminin de Juliette Gréco (Mercury Records/Universal Music, 2003).
  15. Présentation manuscrite de Sartre au verso de la pochette du 1er 33 tours vinyle de Gréco paru en 1952 (voir Article Discographie de Juliette Gréco section « Albums studio »).
  16. À l’exception de la reprise par Gréco de La Rue des Blancs-Manteaux (1950), chanson écrite par Sartre pour sa pièce de théâtre Huis clos. Pour Gréco, Sartre a écrit deux textes de chansons qui seront définitivement perdus : Ne faites pas suer le marin et La Perle de Passy (note de Gréco dans ses mémoires, Jujube).
  17. Extrait d'une dédicace manuscrite de Pierre Mac Orlan datée de 1966 (fac simile) in Jujube, mémoires de Juliette Gréco, Éditions Stock, Paris, 1982 (ISBN 2-234-00816-6).
  18. Extrait de sa présentation de l'album live Juliette Gréco à la Philharmonie de Berlin (1966).
  19. Mémoires inachevés d'Alice Sapritch, Éditions Ramsay, Paris, 1990 (ISBN 2859568271).
  20. Extrait de son récit Totalement confidentiel, Éditions des Archers/RTBF Éditions, Bruxelles, 1988.
  21. Album Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez... (2003).
  22. Extrait de son interview parue dans Technikart no 114, juillet-août 2007.
  23. Benjamin Biolay fait une confusion, car elle n'a pas été déportée dans les camps, mais incarcérée à la prison de Fresnes. Source : Jujube, autobiographie de Juliette Gréco, pages 64 à 69, Éditions Stock, 1982.
  24. Extrait de son interview publiée par L'Express.com le .
  25. Anna Mouglalis incarne Juliette Gréco dans le film Gainsbourg, vie héroïque réalisé par Joann Sfar.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Véronique Mortaigne, « La chanteuse Juliette Gréco est morte », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a b c et d Jacques Lafitte et Stephen Taylor, Qui est qui en France, Jacques Lafitte, , p. 1045.
  3. Pascal Caïla, « Un évêque dans la tourmente : Mgr Pierre-Marie Théas », Annales du Midi,‎ , P.349 (lire en ligne)
  4. a b c d et e Caroline Rochmann, « Juliette Gréco : "Ma sœur s’est tue à jamais." », in Paris Match, Paris, mars 2010.
  5. Charles Dantzig, « L'insoutenable légèreté de Charlotte Aillaud », Vanity Fair, no 15,‎ , p. 230-239 (lire en ligne).
  6. a b et c J. Gréco, cité in L. Bérimont, Les Caves du ciel, , rediffusion in ''Les Nuits de France Culture, France Culture, Paris, .
  7. terresdefemmes.blogs.com
  8. « Hôtel La Louisiane - K-Films Amérique », sur kfilmsamerique.com (consulté le )
  9. Nicolas Ungemuth, « Et Cléopâtre changea la face de Hollywood », Le Figaro Magazine,‎ semaine du 7 juillet 2017, p. 72-73.
  10. Catherine Schwaab, « Nécrologie de Jeanne Moreau », Paris Match,‎ semaine du 3 au 9 août 2017, p. 64-65.
  11. Miles Davis et Quincy Troupe, Miles, l'autobiographie, Infolio, , 132-133 p. (ISBN 978-2-88474-919-0 et 2-88474-919-5).
  12. a et b Bertrand Dicale, Gréco : Les Vies d'une chanteuse, Paris, Éditions JC Lattès, , p. 47
  13. a et b Extrait de ses mémoires Jujube, éditions Stock, 1982.
  14. Page 198 et 202 de ses mémoires Je suis faite comme ça.
  15. a b c et d Cécile Prévost-Thomas, « GRÉCO Juliette », dans Le Maitron, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
  16. Christophe Forcari, « «Minute», ascenseur pour les fachos », Libération,‎ (lire en ligne).
  17. Source : volume 18 de son intégrale L'Éternel Féminin, 2003, Mercury.
  18. Raphaël Proust, « 1974, Giscard peopolise la campagne de la droite », Slate.fr,‎ (lire en ligne).
  19. « Loi sur le piratage : des artistes "de gauche" dénoncent la stratégie du PS », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  20. a et b Source : Le Nouvel Observateur du .
  21. a et b Source : actualités de la Mairie de Paris sur Paris.fr du .
  22. Source : reportage France 3 Languedoc-Roussillon du 20 octobre 2012
  23. a et b Véronique Mortaigne, « “C'était le moment de dire à Brel que je l'aimais” », Le Monde, no 21392,‎ , p. 10
    Cet entretien entre la journaliste et Juliette Gréco est précédé d'un paragraphe sur les circonstances de l'entretien et d'un paragraphe de présentation de l'album de reprises de Brel. Dans le même numéro du Monde, un encart publicitaire consacré au nouvel album, et publié en page 12, annonce deux récitals de la chanteuse les 16 et 17 mai 2014 à l'Olympia.
  24. « Juliette Gréco fait ses adieux : « Il faut savoir s’arrêter, par politesse, par courtoisie, par raison » », Télérama,‎ (lire en ligne)
  25. Véronique Mortaigne, « Juliette Gréco : “Je suis résistante, j’ai un sale caractère, ce qui est une qualité” », sur Télérama, (consulté le ).
  26. https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/les-obseques-de-juliette-greco-seront-celebrees-le-5-octobre-a-saint-germain-des-pres-25-09-2020-8391885.php
  27. « A Saint-Germain-des-Prés, les obsèques de la muse Juliette Gréco », parismatch.com, 5 octobre 2020.
  28. Interview Jean-Marc Lajudie du 24 septembre 2020, à la suite du décès de Juliette Gréco - liste d'instrumentistes ayant accompagnés durant plus de 15 années en tournée Gréco
  29. Jean-Marc Lajudie, Carnet de notes d'un batteur, Editions Mines de Rien, , 160 p. (ISBN 9782952037686), p66 à 68
  30. « Un portrait inédit de Juliette Gréco sur France 2 », sur Le Point.fr, .
  31. Salva Rubio & Sagar, Miles et Juliette, Paris, Delcourt, (ISBN 9782413015208)
  32. « Juliette Greco et Miles Davis, un amour 'brûlant' mais 'fugitif' à cause du racisme », Huffpost,‎ .
  33. Télé 7 Jours no 405 du 23 décembre 1967, page 70 : « Juliette Greco et Michel Piccoli, son mari, ainsi que leurs filles respectives, Laurence et Cordelia, passeront Noël en famille, à Verderonne. »
  34. « Juliette Gréco : “Je suis résistante, j’ai un sale caractère, ce qui est une qualité” », sur telerama.fr, consulté le 16 juillet 2020.
  35. Dans ton lit de cristal, paroles de Jean-Pierre Kernoa et musique de Gérard Jouannest (enregistrée en 1970 et éditée en 1971) et Ma fille bonjour, paroles de Jean-Loup Dabadie et musique de Jacques Datin (enregistrée en 1970 et éditée en 2003 dans le volume 11 de son intégrale L'Éternel Féminin).
  36. Cité dans l'article De nombreux flirts avec le cinéma pour Juliette Gréco sur le site Lapresse.ca, publié le 23 septembre 2020.
  37. « Les coulisses du mariage secret de Juliette Gréco et Michel Piccoli », parismatch.com du 25 mai 2020, consulté le 25 septembre 2020.
  38. « Décès de Michel Piccoli : son histoire d'amour "compliquée" avec Juliette Gréco », amomama.fr du 20 mai 2020, consulté le 25 septembre 2020.
  39. Voir sur purepeople.com, consulté le 24 septembre 2020.
  40. a et b Extrait du documentaire Je m'appelle Gréco, réalisé par Jaci Judelson (un bonus du DVD Juliette Gréco, Olympia 2004, Polydor).
  41. « Gérard Jouannest | Les coulisses de la création | Musée Sacem » (consulté le )
  42. Compilation Merci !, 2015 (consulté le 17 septembre 2016) et « Accueil » du site officiel Juliette Gréco.
  43. La. La. La. – Juliette Gréco, diffusée le , sur la 1re chaîne ORTF.
  44. Chancellerie de la Légion d'honneur, Légion d'honneur - Promotion 14 juillet 2012
  45. Nouvel Observateur, Article inventoriant les récipiendaires célèbres
  46. Décret du 29 mars 2002 portant promotion et nomination
  47. Décret du 20 novembre 2015 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier
  48. Décret du 15 mai 2006 portant promotion et nomination
  49. Arrêté du 10 février 2016 portant nomination ou promotion dans l'ordre des Arts et des Lettres
  50. « Biographie de Jeanne Cherhal », sur musicme.com (consulté le )
  51. Salva Rubio, Sagar, Miles et Juliette, Delcourt, , 72 p. (lire en ligne)
  52. Source : Dossier de presse d'Arte
  53. In Juliette Gréco par Michel Grisolia et Françoise Mallet-Joris, Éditions Seghers (voir section bibliographie).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Biographies[modifier | modifier le code]

Essais[modifier | modifier le code]

Autres sources[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]

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